Utilisateur:Leonard Fibonacci/Éphèse - Transitus Mariae

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Il faudra des siècles avant que les premiers dogmes mariaux ne soient déclarés. Mais la mariologie des Pères de l'Église a finalement conduit à la proclamation de sa divine maternité en 431 après JC, et à la déclaration de sa virginité perpétuelle en 649. Son Immaculée Conception a été prononcée en 1854, puis son Assomption corporelle au ciel en 1950.

Adversaires de Mimouni
Sur Leucius
  • Lino Cignelli, « Il prototipo giudeo-cristiano degli apocrifi assunzionisti » dans Studia Hierosolymitana B. Bagatti, II. Studi Esegetici, Jérusalem, 1976, p. 259-277.
  • qui résume les textes de E. Bellarmino Bagati énumérés à la note n° 194, p. 52.
De Stephen J. Shoemaker
Textes liés à Ephèse
  • Stephen J. Shoemaker, "Let Us Go and Burn Her Body": The Image of the Jews in the Early Dormition Traditions, dans "Church History 68, 1999, p. 775-823
Michel van Esbroeck
  • Aux origines de la Dormition de la Vierge, Michel van Esbroeck, Variorum, 1995 - 325 pages
    • 15 pages contenant le mot "Ephèse
    • Un témoin indirect de l'Histoire euthymiaque dans une lecture arabe pour l'Assomption, Parole de l'Orient 6-7, 1975-1976, p. 479-491. Édition arabe d'une lecture liturgique pour l'Assomption (codex arabe Sinaït. 436 du 10e s., f. 10P-105v), qui comprend un paragraphe sur la translation à Constantinople du maphorion de la Vierge par Eudoxie, avec traduction française.
    • Contenu présenté par Persée

Sur Leucius (Charinus)[modifier | modifier le code]

Mimouni présente la thèse de E. Bellarmino Bagatti – présenté comme un regard d’archéologue et d’historien et « non pas de philologue » – à travers l’écrit d’un de ses disciples car « ils ont été commodément résumés par Lino Cignelli parue dans une contribution en 1976 (p. 53).

« Le « Transitus Mariae prototype » est alors situé dans le temps au IIe siècle, et dans l’espace en Palestine, plus précisément à Jérusalem ; quant à son auteur, il est possible que ce soit un certain Leucius, disciple de Jean l’Evangéliste (p. 54). »
  • Lino Cignelli, « Il prototipo giudeo-cristiano degli apocrifi assunzionisti » dans Studia Hierosolymitana B. Bagatti, II. Studi Esegetici, Jérusalem, 1976, p. 259-277.
  • qui résume les textes de E. Bellarmino Bagati énumérés à la note n° 194, p. 52.
Accès à l'article de Cignelli
Nécessite d'être universitaire
Pseudo-Meliton

« E. Norelli s’interroge sur « les formes les plus anciennes des énoncés sur la naissance de Jésus par une vierge » (p. 25-44), montrant que la littérature apocryphe chrétienne permet de remonter à des traditions sur la naissance de Jésus antérieures aux évangiles canoniques. É. Cothenet (p. 45-60) présente le récit de l’Assomption de Marie préservé par le récit latin du Pseudo-Méliton ; ce texte est attribué à un certain Leucius, que l’A. semble considérer comme un personnage historique, ayant écrit sur la question (p. 45). »

Mimouni sur Leucius[modifier | modifier le code]

Mimouni sur Leucius selon Bagatti[modifier | modifier le code]

Mimouni est extrêmement réservé à propos de la thèse de Bagatti et doute que les recensions dont il parle remontent au IIe siècle, mais en même temps il nous apprend que ce texte attribué à Leucius a été utilisé comme base par le pseudo-Méliton qui le dit dans son prologue.

Analyse du prologue du pseudo-Meliton (Mimouni)[modifier | modifier le code]

Dans le prologue de ce Transitus — « qui ne se trouve pas dans tous les manuscrits mais que l'on trouve à le fois dans les manuscrits B1 et B2 » — « le pseudo-Meliton explique qu'il écrit à cause d'un certain Leucius qui a corrompu le livre du « Passage de la Bienheureuse Marie toujours vierge, mère de Dieu », et que son but est de donner la vraie doctrine sur ce point (p. 268). »

Mimouni est d'accord avec M. Jugie « qui considère que l'écrit du pseudo-Meliton répond à un autre écrit, celui de Leucius ». En revanche, il estime que « M. Jugie va trop loin quand il identifie cet écrit de Leucius au Transitus Mariae condamné par le décret de Gélase et quand il [lui] attribue la Dormitio syriaque fragmentaire (S1) sur la base d'un indice somme toute assez faible trouvé chez Grégoire de Tours (p. 268-269). »

Sur la question du Transitus Mariae condamné par le décret de Gélase
  • M. Jugie, , Vatican, 1994, p. 104
  • F. Manns, Le récit de la dormition de Marie, Vatican grec, 1982 (ici;
  • F. Manns ?, Contribution à l'étude de l'exégèse chrétienne, Jérusalem, 1989, p. 230-232

Pseudo-Meliton[modifier | modifier le code]

Y. M. Blanchard a concentré son attention sur le Transitus attribué à "saint Jean l'Evangéliste". Edouard Cothenet invite à parcourir la tradition latine telle qu'elle se trouve dans un écrit attribué à Meliton de Sardes. D'après le prologue il se base sur l'enseignement de son maître pour contrer les enseignements erronés d'un certain Leucius. Edouard Cothenet s'interroge brièvement pour savoir s'il faut « rapprocher cette indication de l'avis d'Epiphane de Salamine (p. 45 note no 2). » (Sur ces textes il renvoie à J. Gallot dans Maria, T. VII, p. 162-168.) Il indique que « les écrits de cet "hérétique" (sic) sont tous condamnés par le décret de Gélase (p. 45). » Il n'est pas possible de reconstituer le texte de Leucius à partir du pseudo-Meliton.

« Malgré des oppositions au IXe siècle, l'influence de cet écrit dominera en Occident au point que A. Wilmart a pu le qualifier de "version quasi officielle de l'Eglise latine depuis le VIe siècle". En dépendent directement, l'art occidental au Moyen-Âge et la Légende dorée. »

Le texte

Il existe deux grandes familles du texte (B1 et B2). M. Halba-Reinisch estile que B2 précède B1, alors que Bagatti, Erbetta, Mimouni soutiennent le contraire. Daté vers 500 par Erbetta, plus tardivement selon Mimouni et Clayton (p 47).

La situation de départ provient très probablement du texte de Leucius: « Du haut de la croix, le Christ a confié sa mère à Jean, parce q'il était vierge. Celui n'en part pas moins en mission comme les autres apôtres (II). Pour sa part Marie s'est retirée dans la maison des parents de Jean, près du mont des Oliviers. Cette localisation est propre à Meliton. (p. 47) »

Thierry Murcia sur Epiphane[modifier | modifier le code]

« Les Pères de l’Église grecque et orientale et la liturgie de l’Antiquité à nos jours, ont toujours clairement distingué trois femmes : Marie de Magdala, Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme sans nomi »

« En fait, Marie de Magdala n’est traditionnellement mentionnée sous cet intitulé – chez Épiphane, comme chez les Pères de l’Église et dans diverses sources anciennes – que lorsque le texte évangélique est expressément cité1. » Lorsqu’ils commentent des épisodes des évangiles après la résurrection, « elle est le plus souvent simplement appelée Marie, y compris lorsque l’on renvoie à Jean 20:172. » Rappelons que « le syriaque est la langue maternelle d’Épiphane3. »

- Pour Épiphane de Salamine, il y avait – au moins – 6 femmes près de la croix de Jésus et Maria Magdalena ne peut être que la mère de Jésus[1]. (Voir aussi l’Excursus sur Épiphane p. 177 – 184)

A la toute fin du Panarion, Épiphane écrit :
« Le Seigneur l’a ordonné dans l’Évangile […] en disant à sa mère "Ne me touches pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père" (Jean 20:17)[2]. »

- Épiphane, pour qui la Megadelene était la mère de Jésus, avouait vers 370 « ne pas lui même savoir si la mère de Jésus mourut ou non, et si elle fut ou non inhumée[3]. Il fait alors référence aux pérégrinations de Jean en Asie mineure et précise qu’il n’est nulle-part écrit "qu’il prit la sainte Vierge avec lui" » : Je ne dis pas qu’elle est demeurée immortelle, ni je n’affirme qu’elle mourut […] Si elle mourut je l’ignore. Quand bien même eût-elle été inhumée, elle n’eut jamais commerce avec un homme[4]. » Cette tradition devait toutefois être bien établie, car c’est sur elle que s’appuyaient « ceux qui sous prétexte d’imiter Jean, prenaient sous leur toit une ou plusieurs concubines (et qu’Épiphane prend ici pour cible).

Ephèse et Assomption de Marie[modifier | modifier le code]

  • Petrone en 65 : la matrone d’Éphèse qui verse du parfum sur la tête des convives et qui ensuite a une histoire avec un crucifié dont le cadavre a été enlevé est clairement une allusion à ce qui se racontait au sujet de Jésus et de sa mère à cette époque.
  • Témoins archéologiques (?) au sujet de la « maison de Marie ».
  • Leucius a écrit un Transitus au début du IIe siècle qui se déroule visiblement à Ephèse. Le pseudo-Meliton qui en parle dans son prologue a été écrit pour contrer ce texte et en fait s'y substituer.
  • Église principale d’Éphèse était consacrée à Marie et à Jean.
  • Épiphane, pour qui la Megadelene était la mère de Jésus, avouait vers 370 « ne pas lui même savoir si la mère de Jésus mourut ou non, et si elle fut ou non inhumée1. Il fait alors référence aux pérégrinations de Jean en Asie mineure et précise qu’il n’est nulle-part écrit "qu’il prit la sainte Vierge avec lui" » :

Je ne dis pas qu’elle est demeurée immortelle, ni je n’affirme qu’elle mourut […] Si elle mourut je l’ignore. Quand bien même eût-elle été inhumée, elle n’eut jamais commerce avec un homme2. » Cette tradition devait toutefois être bien établie, car c’est sur elle que s’appuyaient « ceux qui sous prétexte d’imiter Jean, prenaient sous leur toit une ou plusieurs concubines (et qu’Épiphane prend ici pour cible).

  • Actes du concile d’Éphèse : Une lettre adressée au clergé et au peuple de Constantinople présente la ville d’Ephèse comme étant le lieu où sont « Jean le Théologien et la Vierge Mère de Dieu (Théotokos) sainte Marie » (431)
  • Pour T. Murcia, « la tradition qui voudrait que la Madeleine ait été enterrée à Ephèse » remonte au Ve – VIe siècle. « Et la mère de Jésus – avant son assomption – soit à Jérusalem, soit à Éphèse également3. »
  • Le pape Grégoire le Grand décida en 591, dans une formulation ex cathedra que les trois femmes, Maria Magdalena, Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme sans nom de l’Évangile selon Luc, n’en faisaient qu’une4.
  • Grégoire de Tours (mort en 594) indique que l’on honorait à Éphèse le souvenir d’une Maria Magdalene dans un oratoire à ciel ouvert :

« C’est dans cette ville que Maria Magdalene repose sans aucun toit qui la couvre (nullum super se tegumen habens)[5] »

  • Vers 630, le patriarche de Jérusalem appelé Modeste rédige une Homélie sur les porteuses de parfums (myraphores) rédigée peu avant l’invasion arabe. Dans une note de lecture Photios de Constantinople écrit :

« L’auteur dit que, après que Notre-Dame, la mère de Dieu, se fut endormie, Marie, la porteuse de parfums, se rendit à Éphèse auprès du disciple bien-aimé et y termina sa pérégrination apostolique par le martyre, refusant jusqu’à la mort d’être séparé de l’Apôtre virginal, l’évangéliste Jean [...][6] »

Glané sur le net[modifier | modifier le code]

Le livre des funérailles, version éthiopienne donne, selon le père Bagatti, spécialiste du judéo-christianisme et archéologue, le texte le plus ancien, attribué par les apocryphes à un certain Leucius (2è S?).

Ce document livre une théologie judéo-chrétienne archaïque et pour cela a été considéré comme hérétique. C’est pourtant le récit le plus reculé sur la dormition et le départ de la très sainte mère de Dieu. Il est probablement à l’origine du pèlerinage au tombeau, puis de la fête liturgique de la dormition/assomption.

  • Le récit développe cinq actes, ci dessous résumés:
    • 1) L’annonciation: Trois jours avant son départ définitif, Marie reçoit la visite du “grand ange”, qui n’est autre que saint Michel, pour lui annoncer: “dans trois jours tu déposeras ton corps”. Il lui apprend que les apôtres, réunis autour d’elle avant sa mort, pourvoiront à sa sépulture.
    • 2) La venue des apôtres: Jean, puis les autres apôtres sont amenés à Jérusalem sur une nuée. Avec Marie, ils chantent les psaumes et célèbrent le lucernaire.
    • 3) La dormition: A la fin de la synaxe, à l’aurore du 3è jour, Marie se lève, sort, récite une prière enseignée par l’ange. Elle rentre, s’étend sur sa couche et complète son économie. Arrive le seigneur Jésus, il embrasse sa divine mère, prend son âme sainte et la dépose dans les mains de l’archange saint Michel.
    • 4) Les funérailles: Jésus organise les funérailles disant à Pierre: “Sors par la gauche de la ville, tu trouveras un sépulcre neuf. Déposes y le corps et attendez là“. Les apôtres portent la civière. un juif nommé Jéphonias qui voulut la renverser, finit par proclamer la foi en Jésus le Fils de Dieu et sa naissance virginale...
    • 5) L’assomption: Les apôtres déposent le corps de Marie et s’assirent dehors en attendant tous ensemble le Seigneur. Le Seigneur Jésus arrive des cieux avec Michel et Gabriel... Il dit à Michel de “prendre le corps de Marie sur une nuée et de le déposer en paradis”...Quand ils arrivèrent au paradis, ils déposèrent le corps de Marie sous l’arbre de vie. Michel amena son âme sainte et ils la placèrent dans son corps.

Quoi qu’il en soit, fin 2è S ou 6èS., ce texte est premier sur le thème et est ainsi à l’origine de la tradition iconographique et liturgique.

Ce qui nous manque c'est ce qui permet à Bagatti de dire que Leucius avait écrit des actes sur la mort de Marie. Je ne pense pas que ce texte soi de Leucius, connu pour être lié à Ephèse et plutôt Basilidien que judéo-chrétien, en revanche il est intéressant pour la localisation du tombeau de Marie et donc de Gethsemani: “Sors par la gauche de la ville, tu trouveras un sépulcre neuf. Déposes y le corps“ qui est compatible avec la position du tombeau de Marie et totalement incompatible avec la position actuelle de Gethsemani.

  • B. Bagatti, Mss. cod. Vat. grec 1892,Transitus Mariae, in Bible et Orient, 1963,11
  • B. Bagatti, la tombe de Marie, in les dossiers de l’Archéologie, juin 1975

Histoire de la composition des textes[modifier | modifier le code]

Dormition - Transitus - Assomption[modifier | modifier le code]

Probablement:

  • Dormition à Ephèse, à l'entrée de la grotte des 7 dormants;
  • Transitus de Ephèse à Jérusalem (avec probablement une étape à Béthanie (au delà du Jourdain), puis une descente du Jourdain pour venir à Jérusalem)
  • Assomption à Jérusalem en présence des apôtres et de Jésus.

Youakim Moubarac[modifier | modifier le code]

Le culte des 7 dormants[modifier | modifier le code]

Youakim Moubarac lie le culte des 7 dormants et sa localisation à Éphèse au « mystère marial, johanique et magdaléen d'Éphèse, aux trois témoins du Coup de Lance qui attendent dans une mystérieuse Dormition, la Résurrection promise et déjà réalisée dans l'Assomption de Marie (p. 167). »

On connaît « la lettre tronquée des Pères du Concile d'Éphèse (en 431) au peuple de Constantinople : « Éphèse où Jean le théologien et la Vierge, Marie la sainte... » Quel est le verbe sous entendu ? Le fait que le Concile se soit déroulé à Éphèse dans une église dédiée à sainte Marie, pour définir la Théotokos, milite en faveur du séjour de la vierge tout au moins en ce lieu avec Jean. C'est en tout cas la tradition de l'Église jacobite, tel que le raconte en détail Moïse Bar Képha (mort en 903) dans sa grande "Histoire". Il est d'autre-part remarquable qu'Éphèse ait observé jusqu'à Nicée la date juive de la Pâque, que Jean a suivi et fait suivre aux Églises d'Asie (p. 167). » Ce que faisait déjà valoir Polycrate, évêque d'Éphèse, dans sa lettre au "pape"  [sic] Victor en 196, en signalant la présence en Asie des tombes des apôtres Jean et Philippe, mais sans mentionner celle de la mère de Jésus. Ce qui pour moi est logique si étant morte à Éphèse, elle a ensuite été inhumée à Jérusalem.

  • Même citation dans ce livre : Opera minora, Volume 3, Louis Massignon, Presses universitaires de France, 1969

Village de Kirkindjé[modifier | modifier le code]

En 1905, Kirkindjé, estun« gros bourg habité par un millier de familles chrétiennes issues des anciens Éphésiens » d'oà part notamment une source dont les eaux se mêlent au conduit et à l'aqueduc qui alimentent la ville d'Éphèse. « L'aspect des matériaux et la mention de l'empereur Auguste dans les inscriptions des bornes font penser que l'aqueduc date du début de l'ère chrétienne. »

La maison de la vierge[modifier | modifier le code]

  • Manoël Pénicaud, La Maison de la Vierge à Éphèse, De la fondation à la patrimonialisation d’un sanctuaire « international »
  • et ausssi : Manoël Pénicaud, file:///home/essai/T%C3%A9l%C3%A9chargements/ejts-4988.pdf

1) « Une tradition veut que Marie ait suivi [l'apôtre Jean], pour fuir les persécutions, jusqu’à la cité d’Éphèse sur la côte égéenne de l’Asie Mineure, où elle aurait fini ses jours. C’est là qu’aurait eu lieu l’épisode de l’Assomption et non pas à Gethsémani à Jérusalem, comme le rapporte une tradition plus répandue dans le monde chrétien orthodoxe.

2) Le site de Meryem Ana Evi, littéralement la « Maison de notre mère Marie » en turc, se trouve à neuf kilomètres de l’actuelle ville de Selçuk et à environ quatre-vingts kilomètres d’Izmir. Ce sanctuaire a connu un essor rapide depuis sa découverte à la fin du XIXe siècle grâce aux visions extatiques d’une religieuse allemande : Anne-Catherine Emmerick. Ce sanctuaire a connu un essor rapide depuis sa découverte à la fin du XIXe siècle grâce aux visions extatiques d’une religieuse allemande : Anne-Catherine Emmerick. Dès lors, le site est devenu un centre de pèlerinage local impulsé et soutenu par des missionnaires catholiques français de Smyrne (Izmir), avant d’être reconnu comme lieu saint par Rome en 1896, sans toutefois être considéré officiellement comme le lieu de l’Assomption. [...] »

3) Cet article cherche à retracer les différentes étapes d’aménagement de la Maison de Marie, de sa fondation à la situation contemporaine. L’une des spécificités du sanctuaire est son hétérogénéité : ce lieu à la fois fréquenté par des chrétiens et des musulmans, mais aussi par des touristes du monde entier. [...] Je me suis intéressé à la Maison de la Vierge en parallèle de mon doctorat d’anthropologie consacré aux Sept Dormants d’Éphèse, des saints vénérés par les chrétiens et les musulmans sous le nom des Ahl al-Kahf, « Gens de la Caverne » en arabe (Pénicaud 2014).

8) « Recueillies entre 1816 et 1824 par le poète Clemens Brentano », les visions de Catherine Emmerick (1774-1824) « ont donné lieu à plusieurs ouvrages à l’authenticité contestée. La Vierge aurait suivi l’apôtre Jean jusqu’à Éphèse où la voyante décrit en détail sa dernière demeure :

Marie vécut environ trois ans à Sion, trois ans à Béthanie et neuf ans à Éphèse. Cependant la sainte Vierge ne demeurait pas à Éphèse même ; sa maison était située à trois lieues et demie de là, sur une montagne qu’on voyait à gauche en venant de Jérusalem, et qui s’abaissait en pente douce vers la ville. […] Derrière la maison de Marie, la seule qui fût en pierre, la montagne n’offrait, jusqu’au sommet, qu’une masse de rochers d’où l’on apercevait, par-delà les allées d’arbres, la ville d’Éphèse et la mer avec ses îles nombreuses. (Brentano 1854). »

Ce qui veut dire que Marie a vécu encore 15 ans après la crucifixion de son fils et serait donc morte en 51.

Les explorateurs « mettent finalement à jour le 29 juillet 1891 une chapelle en ruine qui corrobore les dires d’Anne Catherine Emmerick. Le site est appelé « Porte de la Toute Sainte » [Panaghia Kapulu] par les habitants grecs orthodoxes du village voisin de Kirkindjé qui y célèbrent encore la fête de la Dormition le 15 août, ce qui vient authentifier, selon eux, leur sainte découverte. »

« une partie [de l'édifice] est datée des premiers siècles de notre ère. »

Concile d'Éphèse[modifier | modifier le code]

Épiphane de Salamine[modifier | modifier le code]

« d'après Epiphane, elle survécut de vingt-quatre ans à l’ascension de son Fils. Il rapporte donc que la Sainte Vierge était âgée de quatorze ans quand elle conçut J. C., qu'elle le mit au monde à quinze, et qu'elle vécut avec lui trente-trois ans, et vingt-quatre autres après la mort de J.-C. D'après cela, elle avait soixante-douze ans quand elle mourut. » Reste à savoir quand Épiphane situait la crucifixion de Jésus, si c'est en 30, alors elle est morte vers 54, si c'est 33 elle serait morte vers 57. Peut-on conclure qu'une bonne fourchette serait entre 54 et 57?

Jean Damascène, Histoire euthymiaque, Martin Jugie[modifier | modifier le code]

Jean Damascène (676-749) donne la relation suivante dans sa deuxième Homélie sur la Dormition de la Vierge Marie:

« « […] Il fallait que celle qui dans l'enfantement avait gardé intacte sa virginité, conservât son corps sans corruption, même après sa mort.

« […] Vous voyez, chers pères et frères, tout ce que nous révèle ce tombeau plein de gloire. Et comme preuve qu'il en est bien ainsi, voici ce qui est écrit en propres termes dans l’Histoire euthymiaque, (1) au troisième discours, chapitre 40.

« On dit plus haut comment sainte Pulchérie éleva dans Constantinople de nombreuses églises au Christ. L'une d'elles est celle qui fut édifiée aux Blachernes au début du règne de Marcien, de divine mémoire (2). Ces souverains donc, ayant bâti en cet endroit un sanctuaire dédié à la glorieuse et toute sainte Théotokos, Marie toujours Vierge, et l'ayant orné de tout le décor possible, étaient à la recherche de son corps très saint, qui avait reçu Dieu. Ils firent appeler l'archevêque de Jérusalem, Juvénal, et les évêques de Palestine, qui se trouvaient alors dans la capitale à cause du concile qui s'était tenu à Chalcédoine (451) , et ils leur dirent :

«Nous apprenons qu'il y a, à Jérusalem, la première et magnifique église de Marie, la toute sainte Théotokos toujours Vierge Marie, à l'endroit appelé Gethsémani, où son corps qui porta la vie, fut déposé dans un cercueil. Nous voulons faire venir ici cette relique pour la sauvegarde de la ville impériale[7]. »


Prenant la parole, Juvénal (mort en 458) répondit :

« Dans la sainte Ecriture inspirée de Dieu, on ne raconte pas ce qui se passa à la mort de la sainte Théotokos Marie, mais nous tenons d'une tradition ancienne et très véridique qu'au moment de sa glorieuse dormition tous les saints Apôtres, qui parcouraient la terre pour le salut des nations, furent assemblés en un instant par la voie des airs à Jérusalem. Quand ils furent près d'elle, des anges leur apparurent dans une vision et un divin concert des puissances supérieures se fit entendre. Et ainsi, dans une gloire divine et céleste, la Vierge remit aux mains de Dieu sa sainte âme d'une manière ineffable. Quant à son corps, réceptacle de la divinité, il fut transporté et enseveli, au milieu des chants des anges et des apôtres et déposé dans un cercueil à Gethsémani où pendant trois jours persévéra sans relâche le chant des chœurs angéliques. Après le troisième jour, ces chants ayant cessé, les apôtres présents ouvrirent le cercueil à la demande de Thomas qui seul avait été loin d'eux et qui, venu le troisième jour, voulu vénérer le corps qui avait porté Dieu. Mais son corps digne de toute louange, ils ne purent aucunement le trouver; ils ne trouvèrent que ses vêtements funèbres déposés là, d'où s'échappait un parfum ineffable qui les pénétrait, et ils refermèrent le cercueil. Saisis d'étonnement devant le prodige mystérieux, voici seulement ce qu'ils pouvaient conclure : Celui qui dans sa propre personne daigna s'incarner d'elle et se faire homme. Dieu le Verbe, le Seigneur de la gloire, et qui garda intacte la virginité de sa Mère après son enfantement, Celui-là avait voulu encore, après son départ d'ici-bas, honorer son corps virginal et immaculé du privilège de l'incorruptibilité et d'une translation avant la résurrection commune et universelle. » »

Donc :

  • en 451 la sépulture de la femme présentée comme Marie n'avait pas encore été inventée et il était répandu que le corps de Marie ne pourrait pas être trouvé;
  • il existait bien une tradition qui disait que Marie avait été inhumée à Gethsémani. Mais où se trouvait Gethsémani ?

Histoire euthymiaque[modifier | modifier le code]

Avis complètement partisan, néanmoins...

La littérature apocryphe sur le passage de Marie de la terre au ciel est très abondante. Jusqu'au milieu du siècle dernier, on n'en connaissait guère que trois échantillons, les seuls qu'on trouve habituellement mentionnés dans les ouvrages spéciaux sur l'Assomption, à savoir le Pseudo-Méliton, le Pseudo-Denys l'Aréopagite et l'extrait de l'Histoire euthymiaque inséré dans la seconde homélie de saint Jean Damascène (mort en 749) sur la Dormition. Depuis, on a découvert et publié une douzaine d'autres récits, dont la plupart n'ont pas encore pénétré dans le domaine de la vulgarisation, bien qu'ils dépassent en intérêt les légendes susdites. Qu'il nous suffise de signaler ici les légendes coptes, qui affirment si clairement la résurrection glorieuse de Notre-Dame.

[...]

L'Histoire euthymiaque, dans le but évident d'expliquer l'origine du manteau de la Vierge conservé au sanctuaire des Blakhernes, parle des vêtements funèbres de la Théotocos, (τα εντάφια, τα ιμάτια της Θεοτόκου) (2), et elle invente une espèce de cercueil distinct du sépulcre de pierre, dans lequel le corps de Marie aurait été enfermé après sa mort; cercueil qui aurait existé à Jérusalem, du temps de Juvénal, et que celui-ci aurait envoyé, sur leur demande, à l'impératrice Pulchérie et à l'empereur Marcien (3). Jean [Damascène], lui, à la suite des apocryphes et conformément aux usages juifs d'ensevelir, a dit plus haut que Marie fut portée à Gethsémani sur une sorte de lit, (σκί^πους, κλίνη, κράββατος) (4), et qu'elle fut déposée, enveloppée de linceuls, sur la pierre du sépulcre, (επιτίθεται, ανήριατι) (5).
[Je ne vois pas où est cette soi-disant invention, l'histoire Eutymiaque ne précise simplement pas que ce cerceuil était en pierre]

[...]

De plus, dans sa seconde homélie sur la Dormition, André [de Crète] (mort vers 740), voulant prouver que le corps de Marie a été miraculeusement enlevé 'au ciel et qu'il est ressuscité, en appelle à l'argument du tombeau trouvé vide et ne contenant même pas les vêtements funèbres de la Vierge, τα εντάφια, ces mêmes reliques que l'Histoire euthymiaque fait envoyer aux souverains byzantins par le patriarche Juvénal (2).

[...]

Martin Jugie déclare avoir établi qu'à l'époque de Juvénal, Pulchérie (morte en 453) et du concile de Chaclédoine (451) « la croyance de l'Église de Jérusalem était que Marie était restée immortelle (4), et l'on peut prouver que la tradition du tombeau ne commence à apparaître que sur la fin du vie siècle, sous l'influence des récits apocryphes. C'est visiblement à ces apocryphes que le Pseudo-Juvénal emprunte la matière de sa narration : arrivée aérienne des apôtres à Jérusalem, au moment de la dormition de la Vierge; chants angéliques; sépulture à Gethsémani — mais dans un cercueil transportable, σορός, et ce détail trahit la main du faussaire qui a fabriqué le récit; — garde montée par les apôtres autour du sépulcre, pendant trois jours,jusqu'au moment où cesse la musique angélique; puis arrivée, le quatrième jour, de ce pauvre Thomas, toujours en retard (5) et inconsolable de n'avoir pu contempler une dernière fois les traits de Notre-Dame; ouverture du cercueil pour le satisfaire;" découverte des εντάφια ιμάτια (robes funéraires); enfin, affirmation non de la résurrection, mais de la translation miraculeuse et de l'incorruptibilité du corps virginal avant la résurrection générale. ».

[...]

Finale du récit : « Après avoir entendu l'archevêque- Juvenal, les souverains lui demandèrent de leur envoyer dûment scellée cette sainte châsse (ou cercueil) avec les habits de Marie, la toute-sainte Théothocos, qui y étaient contenus. La σορός, fut envoyée, et on la déposa dans le vénérable sanctuaire de la sainte Théothocos,, qui avait été bâti aux Blakhernes (2). »

Une Marie la Magdaléenne à l'entrée de la grotte des 7 dormants et Al-Khadir[modifier | modifier le code]

τελε ou τηλε ?[modifier | modifier le code]

L'écrit en général nommé "Dormition de Marie du pseudo-Jean" « présente une très grande diversité de titres » dans les différents manuscrits. « Particularité intéressante : ils mentionnent soit la κοιμησις, soit la τελειοσις (Simon Claude Mimouni, Écrits apocryphes chrétiens, T I, p. 171). » La κοιμησις est en général traduit par "dormition" (en train de dormir). τελειωσις signifie "accomplissement", mais est interprété comme la mort de Marie à cause du contexte. Or ces deux termes techniques « ne figurent jamais dans le corps du texte (Simon Claude Mimouni, Écrits apocryphes chrétiens, T I, p. 171). » On trouve toutefois le second au paragraphe 10 sous la forme verbale τελεω. On ne sait en tout cas pas quel était le titre initial de cet écrit, ni globalement comment était désigné ce que nous connaissons comme le Transitus Mariae.

Ce mot de transitus ainsi que les différentes "téléportations" « sur les nuées » des apôtres depuis différents endroits du monde jusqu'à Jérusalem, dont celui de Jean depuis Éphèse, conduit à faire remarquer que τελε est phonétiquement extrêmement proche de τηλε (loin). Les noms τελειοσις et transitus ne nous révèlent-ils pas qu'initialement la tradition faisait référence au déplacement "miraculeux" de Marie depuis un lieu éloigné de Jérusalem (Éphèse où elle est morte), alors que dans ces écrits si ce déplacement miraculeux « sur les nuées » est bien conservé pour Marie, il n'a lieu que depuis Béthanie jusqu'à son lieu de sépulture à Jérusalem.

On peut aussi remarquer qu'en hébreu (ou en araméen) Béthanie et Bythinie ne sont pas distinguables or, vu depuis Jérusalem ou Rome, Éphèse est proche de la Bythinie (~170 km).

  • téléportation = τηλεμεταφορά

Éphèse et généalogie[modifier | modifier le code]

Thèse de Catherine Emmerich et Clemens Brentano

Parmi les saintes femmes qui vivaient dans la colonie chrétienne voisine d'Éphèse, et qui étaient souvent prés de Marie, se trouvait une nièce de la prophétesse Anne. Avant le baptême de Jésus, je l'avais vue une fois aller à Nazareth avec Séraphia (Véronique). Cette femme était alliée à la sainte Famille par Anne, qui était parente de la mère de Marie et plus proche encore d'Élisabeth, fille de la soeur de celle-ci.


Une autre femme, parmi celles qui vivaient autour de Marie, et que j'avais vue aussi aller à Nazareth avant le baptême de Jésus, était une nièce d'Elisabeth, qui s'appelait Mara. Voici comment elle étais parente de la sainte Famille. Ismeria, mère de sainte Anne, avait une soeur appelée Emerentia, laquelle avait eu trois filles : Élisabeth, mère de saint Jean-Baptiste ; Enoué, qui était chez sainte Anne lors de la naissance de la sainte Vierge, et Rhode, mère de cette Mara dont il est question ici.


Rhode s'était mariée loin du pays de sa famille. Elle demeura d'abord dans les environs de Sichem, puis à Nazareth et à Kessuloth, près du mont Thabor. Outre Mara, elle avait deux autres filles, dont l'une avait pour enfants des disciples de Jésus. Un des deux fils de Rhode fut le premier mari de Maroni, qui, restée veuve et sans enfants, épousa Eliud, neveu de la mère de sainte Anne, et s'établit à Naim, où elle devint veuve pour la seconde fois. Elle avait eu de cet Eliud un fils que le Sauveur ressuscita. Il devint disciple de Jésus et fut baptisé sous le nom de Martial.


Mara, fille de Rhode, qui fut présente à la mort de Marie, s'était mariée dans le voisinage de Bethléhem. Nathanael, le fiancé de Cana, était, à ce que je crois, un fils de cette Mara, et il reçut au baptême le nom d'Amator. Elle avait encore d'autres fils : tous furent disciples de Jésus.

  1. MURCIA, 2017, p. 173-174.
  2. Epiphane de Salamine, Panarion,80, 9,3 cité par MURCIA, 2017, p. 182.
  3. piphane, Panarion 78, 11-1-5 et 78, 23, 9.
  4. MURCIA, 2017, p. 120 qui cite Épiphane, Panarion, 78, 11, 4-5.
  5. MURCIA, 2017, p. 346.
  6. MURCIA, 2017, p. 344 qui cite Photios de Constantinople.
  7. Traduction de Martin Jugie, Le récit de l'Histoire euthymiaque sur la mort et l'Assomption de la Sainte Vierge, Revue des études byzantines Année 1926, n° 144, pp. 385-392 (accessible en ligne sur persee.fr).